Tumeurs | Osseuses | Ostéome Ostéoïde : Intraspongieux, iliaque.

Douleurs persistantes chez un homme de 18 ans depuis environ un an en regard de l’épine iliaque antéro-inférieure droite, notamment nocturnes et insomniantes, répondant aux AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens). 

 

Le scanner réalisé met en évidence une plage d’ostéocondensation médullaire centrée sur l’épine iliaque antéro-inférieure (ostéosclérose délimitée par la ligne noire en pointillée).Il s’y associe un épaississement cortical régional, secondaire à des appositions périostées chroniques incorporées (ou lamellaires en voie d’incorporation) : têtes de flèches blanches. Ces remaniements osseux sont à l’origine d’un épaississement de la structure osseuse dans la région de l’EIAI droite, bien visible en comparaison du côté sain controlatéral.

Enfin, présence d’une lacune ostéolytique ovalaire du spongieux de 6 mm, à contours nets, centrée sur cette plage d’ostéosclérose présentant un aspect en cocarde avec une hyperdensité punctiforme centrale (flèche noire).

Devant l’ensemble du tableau clinico-radiologique, on pose le diagnostique d’ostéome ostéoïde intraspongieux iliaque.

Sur le plan topographique, les classifications récentes (basées sur l’analyse IRM ou TDM) distinguent quatre formes : Intracorticale (36 %), Sous-périostée (28 %), Endostée (20%) et Intraspongieuse (16%).

Selon certains auteurs, les formes intramédullaires et intracorticales correspondraient en fait à une "migration" en profondeur d'une lésion initialement d'origine souspériostée. Cette "migration" serait secondaire au remodelage osseux, avec appositions périostées, épaississement cortical et érosion endostée (Kayser and al.)

Ci-dessous un schéma des différentes localisations d'OO en fonction de la corticale native sur une coupe d'un os long : A = Sous-périostée, le nidus (disque gris) est situé à la surface externe de la corticale, en continuité avec le périoste (A1). Dans la majorité des cas, il s'y associe des remaniements osseux avec appositions périostées, le nidus sous-periostée apparaissant alors "enterré" sous l'épaississement cortical (A2). B = Intracorticale, dans l'éapisseur de la corticale native. C = Endostée et D = Intramédullaire, le nidus est alors fréquemment entouré d'une sclérose du spongieux (non représentée sur le schéma). 

 DISCUSSION

L’Ostéome Ostéoïde (OO) est une tumeur fréquente (représentant 4% des tumeurs osseuses primitives et 15 % des tumeurs osseuses bénignes) essentiellement observée entre 7 et 25 ans, avec prédominance masculine (sex-ratio=3/1).

Le mode de révélation classique est l’apparition progressive de douleurs modérées à prédominance nocturnes avec une bonne réponse aux AINS dans 70% des cas, ce qui constitue un élément diagnostique évocateur (la symptomatologie étant secondaire à l’effet vasodilatateur des prostaglandines concentrées dans le nidus, expliquant l’efficacité spécifique des AINS).

TOPOGRAPHIE

L’OO affecte les os longs dans près de 75% des cas (généralement de siège diaphysaire), notamment au membre inférieur (60% des cas). Le rachis (arc postérieur) est une atteinte classique, comme les os du carpe ou du tarse (en tout 30% des cas). L’atteinte des os plats est plus rare.

  IMAGERIE

La caractéristique radiologique principale est la présence d’une tumeur de petite taille (appelée « nidus ») généralement infracentimétrique contrastant avec l’importance de la réaction osseuse spongieuse et corticale régionale, plus facilement mise en évidence que le nidus lui-même et faisant de l’OO la principale tumeur osseuse bénigne dite « inflammatoire ».

Le nidus se caractérise en radiographie et scanner par une lacune osseuse ovalaire infracentimétrique avec typiquement une calcification punctiforme centrale lui conférant un aspect en cocarde. Le nidus est en pratique parfois difficilement mis en évidence sur les radiographies, la réaction corticale associée pouvant le masquer selon l’incidence.

La réaction osseuse régionale est en revanche facilement mise en évidence, se caractérisant par une ostéocondensation médullaire et un épaississement cortical secondaire à des appostions périostées chroniques incroporées (ou lamellaires en voie d’incorporation lorsqu’elles sont subaigues).

REFERENCES

Radiologic diagnosis of osteoid osteoma : from simple to challenging findings, Jee Won Chai and al. - Radiographics 2010

Morphologic changes of osteoid osteoma at CT. Tourraine S. and al.Radiology, 2014

Imagerie musculosquelettique, Pathologies générales. Anne Cotten - 2ème édition, 2013.