Epaule | Arthropathies | Arthropathie destructrice débutante de l’épaule

Femme de 76 ans, adressée pour un scanner dans le cadre d’un bilan pré-opératoire d’une omarthrose droite.

La patiente présente des douleurs chroniques de l’épaule avec aggravation récente de la symptomatologie et apparition d’un gonflement de l’articulation, cliniquement une limitation des mouvements passifs et actifs, une épaule tuméfiée, chaude, avec large plaque érythémateuse de la peau.

Le scanner sans injection montre un très volumineux épanchement intra-articulaire et de la bourse sous-acromio-deltoïdienne (flèches bleues), avec multiples calcifications et ostéochondromes intra-articulaires (astérix jaunes). Il existe une omarthrose excentrée avec un pincement prédominant en antérieur (astérix rose), une rétroversion de la glène estimée à 24°, avec déformation concave (flèche orange). L’ostéocondensation sous-chondrale et les remaniements géodiques sont modérés sur le versant huméral (étoiles vertes). Ils prédominent sur le versant glénoïdien (étoile violette), bien que les érosions ne soient pas majeures. Il existe une production ostéophytique relativement marquée.

 

Il s’y associe une diminution de l’espace sous-acromial (flèches noires) et une amyotrophie avec dégénérescence graisseuse de l’ensemble des muscles de la coiffe des rotateurs, en faveur d’une rupture complète de ces derniers.

En général, les érosions osseuses intéressent de façon prédominante la tête humérale, et le pincement peut être plus important suivant le stade.

L’évolution habituelle vers la destruction articulaire est rapide en quelques mois.

 

On regroupe sous le terme d’arthropathie destructrice de l’épaule, l’ensemble des affections dont l’évolution finale est caractérisée par une détérioration cartilagineuse de l’articulation gléno-humérale associée à une ostéolyse sous-chondrale.

Selon les causes, la pathologie initiale peut intéresser le cartilage et la synoviale articulaire (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, arthrite septique, arthropathie microcristalline et métabolique) ou l’os sous-chondral (ostéonécrose épiphysaire, ostéolyse post-traumatique, neuro-arthropathie).

La destruction articulaire peut également être associée à une tumeur osseuse épiphysaire ou synoviale.

Lorsqu’aucune des causes précédemment mentionnées n’est retrouvée, on parle d’arthropathie destructrice idiopathique de l’épaule.

Celles-ci sont fréquemment associées à une rupture de la coiffe des rotateurs et à des dépôts intra et péri-articulaires de cristaux d’hydroxyapatite.

 

Le traitement médical est basé sur les antalgiques, les anti-inflammatoires non-stéroïdiens, les ponctions, lavages, aspirations et infiltrations de dérivés cortisonés.

A terme, le remplacement prothétique est envisagé.

 

Les différents noms de l’arthropathie destructrice idiopathique de l’épaule :

Rheumatic arthritis of the shoulder

1873

Adams

Carie sénile hémorragique

1967

De Sèze

Milwaukee shoulder

1981

McCarty

Arthropathie destructrice rapide de l’épaule

1982

Lequesne

Cuff-tear arthropathy

1983

Neer

Apatite associated destructive arthropathy

1984

Dieppe

Idiopathic destructive arthritis of the shoulder

1988

Campion

  •  Nguyen VD. Rapid destructive arthritis of the shoulder. Skeletal Radiol. 1996. Feb ;25(2):107-12
  • Nadarajah CV, Weichert I. Milwaukee shoulder syndrome. Case Rep Rheumatol. 2014 ;2014 :458708
  • Laredo JD, Le Hir P, Dumontier C. Arthropathie destructrice idiopathique de l’épaule in Imagerie rhumatologique et orthopédique. Tome 2. Sauramps Medical, 2013, p1533-1539